Webothèque

De la recherche en général

Pendant plus d'une année, le blog "Mon labo année zéro", sous-titré "De la recherche en général et de la mienne en particulier", m'a permis de décrire le monde de la recherche et de mettre au clair quelques-unes de mes réflexions sur le système académique. Mes activités professionnelles prenant un tour plus institutionnel, la tenue d'un blog, de par son caractère public mais son style personnel, ne me semble plus appropriée.

Il existe pourtant de nombreux sites, articles, documents que je souhaite partager avec les anciens lecteurs de ce blog intéressés par la politique scientifique. Cette webothèque propose donc des liens vers des documents qui me semblent dignes d'intérêt, sans que cet intérêt ne signifie une adhésion de ma part aux propos qui y sont tenus. Les liens en italiques renvoient vers une description plus détaillée de certains documents.

Par ailleurs, pour suivre "l'actualité" des domaines de la politique scientifique et de la bibliométrie, cette webothèque est adossée à un fil twitter.

Les liens du moment

La «Trilogie Rummidge» est une suite de romans écrits entre 1975 et 1988 par David Lodge sur le milieu universitaire. De nombreux personnages composent chacun de ces ouvrages, certains d'entre eux revenant d'un roman à l'autre. Pour autant, la lecture de chacun d'eux peut se faire de manière indépendante et n'a pas besoin d'être chronologique.

«Changement de décor» raconte l'histoire de deux professeurs de littérature anglaise de 40 ans. Le premier est anglais, conformiste, assez fade, et enseigne dans la triste université de Rummidge. Le second est américain, brillant, cynique, et vient du campus d'Euphoria, en pleine révolution culturelle et sexuelle. Pendant 6 mois, ils vont échanger leurs postes.

«Un tout petit monde» se déroule à la fin des années 70. Plusieurs petites histoires s'y entrecroisent, formant une grande fresque portée par les participants aux conférences de littérature anglaise qui se tiennent un peu partout dans le monde. Entre les novices et les vieux briscards, entre les carriéristes et les idéalistes, amours, trahisons, déconstructionnisme, sexe et même kidnapping seront de la partie.

«Jeu de société» se déroule quelques années plus tard, dans l'Angleterre thatcherienne où l'on demande aux universitaires de se rapprocher du monde de l'entreprise. Une jeune prof de littérature, aux idéaux solidement ancrés à gauche, mais non titularisée, se voit contrainte de faire preuve de bonne volonté et de faire un stage en entreprise. Tous les mercredis, elle va suivre pas-à-pas le PDG un peu beauf d'une entreprise de métallurgie. Deux univers totalement étrangers l'un à l'autre se rencontrent de manière assez décapante...

Pas assez sérieux pour cette webothèque ? Que nenni. Tout d'abord, la lecture bout-à-bout des trois ouvrages permet de véritablement «suivre» l'évolution du milieu universitaire sur deux décennies, de la révolution libertaire à la révolution libérale. Mais surtout, chacun de ces ouvrages est une véritable description anthropologique du milieu académique -milieu que Lodge connaît fort bien puisqu'il a lui même enseigné-. Comme le dit Umberto Eco dans la préface de «Un tout petit monde» :
«Le fait est que [...] savants, chercheurs et professeurs de toutes les universités du monde lisent «Un tout petit monde». Ils le lisent parce qu'il dit la vérité sur leur petit milieu international. Et comme c'est un livre d'un comique irrésistible, il dit les choses comme les disent les livres des grands comiques, c'est-à-dire en portant leur vérité jusqu'aux limites du paradoxe et du délire.»

Un petit exemple pour vous mettre en bouche :
«La seule chose que vous aviez à faire pour venir séjourner dans cette retraite idyllique [...] c'était de poser votre candidature. Bien sûr, il fallait déjà avoir fait ses preuves, par exemple, avoir obtenus d'autres allocations, subventions, bourses, et gratifications du même genre dans le passé. C'était là le charme de la vie universitaire telle que la concevait Morris. A ceux qui avaient déjà beaucoup reçu, il leur serait donné encore davantage. Tout ce qu'il fallait faire pour vous lancer, c'était d'écrire un livre bougrement bon - ce qui, bien sûr, n'était pas facile quand vous étiez un jeune universitaire en début de carrière, vous débattant avec un service d'enseignement très lourd sur des sujets peu familiers, avec probablement en plus toutes les charges que supposent aussi une femme et une famille qui s'agrandit. Mais grâce à ce livre bougrement bon, vous pouviez obtenir une bourse pour en écrire un second dans des conditions plus favorables ; avec deux livres, vous obteniez de la promotion, votre service d'enseignement s'allégeait et vous pouviez créer les cours que vous vouliez ; vous pouviez alors utiliser votre enseignement pour faire de la recherche sur le sujet de votre livre suivant que vous pouviez produire ainsi d'autant plus vite. Cette productivité vous permettait de devenir titulaire, d'avoir de nouvelles promotions, d'obtenir d'autres bourses de recherche aussi généreuses que prestigieuses, et un service pédagogique et administratif encore plus léger. En théorie, il était possible d'arriver au stade de professeur et de ne rien avoir à faire d'autre qu'être absent en permanence grâce à un congé sabbatique ou à une bourse quelconque. Morris n'avait pas encore tout à fait atteint ce point oméga, mais il y travaillait sérieusement.
[...] Morris relut la lettre. La flagornerie était-elle un peu trop visible ? Non, c'était encore là une des lois fondamentales du monde universitaire : il était impossible d'être excessif lorsque l'on voulait flatter ses pairs


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